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Viscosité mentale et secours

Hello,

Je poursuis ici la réflexion sur le secours et les problèmes de viscosité mentale. A titre personnel, en lisant les rapports de la fédé sur les accidents, je vois un certain nombre de cas où il est noté que le secours n’a pas été tiré.

Je me pose donc la question, comment faire pour se préparer mentalement à le sortir à temps ? Je ne parle pas d’un point de vue purement technique avec les poignées témoin (que je ne fais pas mais je vais m’y mettre), mais d’un point de vue mental. Comment faire pour si ça arrive, se sortir au plus vite de la viscosité, et attraper la poignée tant qu’il est temps.

J’ai assisté en école à un incident paramoteur où le pilote a décroché au décollage, heureusement sans gravité (sauf pour son portefeuille), j’ai vu ce qui se passait, je sais très bien ce qu’il aurait fallu faire, mais pendant l’incident je n’ai pas réagi (dans ma tête, je n’aurais de toute façon pas pu aider) sur l’action à faire, j’étais vraiment englué, et ça m’a paru durer 10 minutes. Donc je me dis que dans une situation où moi je serais en danger je risquerais de ne pas réagir plus.

Quelles mécaniques mettre en place ? Je pense que c’est valable pour le secours, mais à la réflexion un peu tous les incidents. Je sais bien que la formation et l’expérience joue, mais on ne tire pas le secours tous les jours non plus.

Qu’en pensez-vous ?

Nicolas

Voile Nova Aonic (gold), sellette Easiness 3

Malheureusement ou plutôt fort heureusement on ne tire pas assez le secours.

il y a la tyrolienne, mais ce n'est pas un incident.

Maintenant, des que j'ai quelque chose d'anormal,  les oreilles qui clignotes , le sentiment de ne plus être porté par la voile (ça m'est déjà arrivé, bref mais vrai)  je fais la poignée secours, est ce que le moment venu j'y penserai??????

Salut Nico.

Quand tu vois quelqu'un en vrac, ça semble toujours être une éternité.

Je débute en acro et pour voler en sécurité j'essaie d'avoir le moins de trou possible dans ma sigr (stratégie individuelle de gestion du risque)

On pourrait parler de cela des heures et c'est un sujet passionnant. Mais très concrètement:

Quand ça part en couille (et ça arrive régulièrement) je regarde si je peux récupérer la situation, en fonction des conditions météos et de la hauteur sol. Une oreille qui clignote? Easy. Une frontale, easy. Un départ en vrille easy.

Ou pas. Les SIV, bien qu'imparfaits, m'ont permis d'identifier les différentes phase de vols, et d'apprendre la gestuelle appropriée.

Si je ne peux l'avoir (faute de temps/hauteur) ou si je ne peux la faire (mécaniquement) alors je tire mon secours.

Le secours, c'est aussi un peu la honte. Bah oui on a pas géré. Notre orgueil peut nous pousser à vouloir à tout pris récupérer, bagarrer, tout tenter pour revoler. Quelle erreur. Il faut donc, et ce bien avant le vol, mais tout au fond de notre pratique de liberiste, ancrer le fait que tirer son secours, quand bien même c'est finir avec du bordel a replier, voir des trous dans le matos, c'est avant tout mettre un max de chance de notre côté de rester vivant.

Alors merde a la honte. Formons nous, volons dans des conditions et avec du matériel en adéquation a notre niveau, et restons humble face aux éléments.

Je partage les points de vue. Le secours je l’ai acheté, alors autant qu’il me serve si besoin.

Je suis motard, et je fais partie de la minorité qui roule avec un gilet airbag, j’ai parfois droit à des remarques amusées, mais bon, si jamais il doit servir ça va peut-être me sauver la peau !

Le truc, c’est que mon airbag moto, il a le bon goût de disposer d’accéléromètres et se déclenche tout seul s’il détecte que je suis dans la merde. Le secours, lui, il faut une action du pilote, et c’est vraiment ça qui m’inquiète, l’incapacité à réagir et à se dire « ok, là y a pas moyen de faire quoi que ce soit, faut le sortir tout de suite, sinon ça va mal finir ».

Bon, la limite de ma réflexion, c’est que j’ai toujours (et logique vu mon niveau) volé en conditions plutôt calmes, avec au plus un mini « flap flap » d’une demi-aile une fois. Donc ma connaissance des incidents de vol est plutôt limitée 😉

Voile Nova Aonic (gold), sellette Easiness 3

Bah... il me semble que tu a un début de réponse pertinente dans ton 1er post, même si sans doute il n'y a là pas une solution fiable à 100 %.

Formation et j'insiste sur la notion de formation raisonnée et ordonnée sont sans doute la meilleure façon de se préparer pour les situations compliquées. Dans cette formation au sens large, le SIV est un élément clef mais pas le seul. Car tout exercice de SIV aussi bien réalisé et répété ne prépare pas vraiment à ce que l'on peut ressentir comme stress dans un incident de vol réel et subit.

Bref il faut s'entraîner en volant, en SIV, mais aussi dans tout vol, dans l'idée de se préparer à du stress et à comment, pour soi-même, le gérer pour rester pertinent (autant que possible) et à défaut d'arriver au niveau ambitionné (on n'est pas tous programmer pour par la nature) Ce qui me semble important pour ne pas dire essentiel, c'est d'arriver à se connaître personnellement suffisamment pour être en mesure d'identifier ses limites et d'abroger le vol avant de les dépasser. Et être apte à encore décider de tirer (ou non) son secours fait partie de cette conscience de l'instant qu'il faut tenter d'avoir.

Évidemment ce niveau de connaissance de soi-même en tant que pilote n'est certainement pas inné, ni à apprentissage rapide. Il faut accepter de se laisser le temps nécessaire pour y arriver, en augmentant très progressivement l'exigence des vols auxquels on choisit de se confronter (autant en durée, voile ou sellette utilisées, conditions aérologiques, ambitions de vol, etc.)

Bref, et ce n'est pas de moi, "patience et longueur de temps font plus que force ni que rage".

Le plus beau vol ? Celui encore à venir bien sûr !