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Comment passer les barrières...

Ou comment se piéger en soaring...

https://m.youtube.com/watch?v=2d3PD1YBfm4&feature=youtu.be

 

Le plus beau vol ? Celui encore à venir bien sûr !

Hello,

Je mets le nez dans le forum alors du coup je vais poser plein de questions.

Il se passe quoi ici ? Ok, je vois les actions, ça a l’air bien au début, et puis il monte d’un coup, fait les oreilles (déjà pourquoi ?), et après il se fait reculer. Mais qu’est-ce qui ne va pas ? Désolé, question de débutant, mais je ne pige pas, et j’aime bien savoir 😉

Nicolas.

Voile Nova Aonic (gold), sellette Easiness 3

Pourquoi faire les oreilles ? Pour redescendre... Sauf que ca augmente la traînée, et donc il recule... Pas opportun...

Moment du crash, il relâche les oreilles. En résulte une augmentation de la portance et donc... Un bel envoi en orbite.

A noter que c'est un petit en Est vers chez nous, normalement interdit au vol libre.

 

Citation de Xanarz le 21 janvier 2022, 11h29

Pourquoi faire les oreilles ? Pour redescendre... Sauf que ca augmente la traînée, et donc il recule... Pas opportun...

Moment du crash, il relâche les oreilles. En résulte une augmentation de la portance et donc... Un bel envoi en orbite.

A noter que c'est un petit en Est vers chez nous, normalement interdit au vol libre.

 

Oui, mais justement pourquoi faire les oreilles ? Je veux dire, il monte, mais je ne vois pas le problème qu’il identifie et qui lui fait faire les oreilles. Je pige pas trop le raisonnement. Est-ce qu’il n’aurait pas été plus simple d’accepter de monter et s’éloigner du relief, éventuellement en accélérant ?

Et ta dernière phrase, je ne la comprends pas du tout ?.

Voile Nova Aonic (gold), sellette Easiness 3

Salut Nicolas, c'est bien de venir avec tes questions, ça peut servir à d'autres.

Ce pilote part pour du soaring le long de cette petite crête d'un site de plaine "officieux" de notre région. Il fait deux aller-retour au niveau du déco et assez prêt du relief vers 40" il s'en écarte un peu et là il se fait catapulter vers le haut car sans doute qu'à ce moment il rencontre le vrai flux d'air en mouvement ascendant (vent + éventuellement déclenchement thermique).

Sans doute que forme du relief et effet gradient lié à l'environnement et absence de thermiques peut-être aussi dans ces premières secondes de la vidéo explique pourquoi il ne s'est pas fait catapulter dès l'envol.

Toujours est-il que  lorsqu'il se trouve dans cet ascenseur costaud, il panique probablement dépassé par les événements. Quelques informations glanées par ailleurs me laisse penser que c'est un pilote encore novice à ce moment de sa progression, plus ou moins autodidacte et à-priori convaincu d'être plutôt doué (CQFD : un peu comme nombre d'entre nous 😉

C'est sans doute cette sensation de ne plus contrôler grand chose qui lui font choisir (1ère erreur après celle de l'évaluation non-pertinente de l'aérologie) de faire les oreilles pour éviter de monter plus haut. Il essaye d'ailleurs, on le voit sur la vidéo, de rajouter opportunément l’accélérateur. Seulement ne le trouve-t-il pas dans l'affolement ou n'est-il pas correctement monté/branché ? Toujours est-il qu'il ne fonctionne pas cet accélérateur et/ou qu'il abandonne l'idée de s'en servir (dans tous les cas une 2ème erreur).

Résultat, avec la trainée que provoquent les oreilles, il se fait reculer tout en perdant de la hauteur.

Résultat-bis, il se trouve positionné en arrière du déco dans une zone ou la composante verticale du flux d'air (vent + éventuel thermique) lié à la cassure du relief, se transforme en pure composante horizontale qui définitivement ne le fait plus monter mais juste reculer. C'est un phénomène et une erreur de pilotage qui piègent aussi de nombreux pilotes qui souhaitent poser au déco à Volme par exemple, heureusement pas toujours avec une suite aussi brutale qu'ici.

Sa tension nerveuse déjà au plus haut en prend encore un coup et lui fait commettre une 3ème erreur. Il relâche les oreilles.

Résultat-ter : la voile retrouve une portance maximale dans un flux d'air fort et ça crée un début de montée ponctuelle qu'il tente de contre-carrer en plantant les freins sous les fesses. Ce qui du coup la fait décrocher et se mettre en effet spi.

Comme quand on face voile dans du vent fort et qu'au moment du gonflage et de l'arrivée de la voile à son zénith. On place une tempo trop appuyé et maintenu, la voile redescend dans se fenêtre de pleine puissance et il ne reste qu'à courir aussi vite que possible vers elle pour ne pas se faire arracher et trainer.

Seulement là ce pilote est de dos à sa trajectoire et assis dans sa sellette, donc compliqué de courir aussi vite que possible vers sa voile pour espérer la décharger et du coup...

Résultat-quater, il fait un court instant office d'ancre en plantant ses fesses au sol, ce qui permet à la voile de se charger en énergie sur le principe action-réaction et de l'arracher de la boue pour une cabriole douloureuse.

En fait il aurait été avisé au-delà de mieux appréhender l'aérologie réelle plus haut que son nez voire sa voile (en observant par exemple les arbres les plus haut derrière le déco), de mettre l'accélérateur pour avancer et se sortir de la zone de compression et de plus forte ascendance. Si son accélérateur était HS, il aurait mieux valu se laisser d'abord monter le plus haut possible et peut-être là aussi finalement sortir de cette zone fortement ascendante et avancer vers la plaine une fois sortie de la compression du fait du relief.

C'est un accident qui illustre bien il me semble, que bien voler en parapente n'est pas qu'une question de bien tirer sur les ficelles.

Ne te gêne surtout pas à poser d'autres questions et ni non plus à partager tes réflexions à propos de mon bla-bla et/ou de l'accident.

Le plus beau vol ? Celui encore à venir bien sûr !

Ah super ! Merci pour l’analyse, c’est vraiment complet.

En premier lieu ça confirme mon interrogation sur le pourquoi des oreilles à ce moment là. J’ai pris un coup de pied au cul similaire à Algrange en novembre, mais au-delà du fait que ça fait drôle je n’ai pas eu un instant l’idée d’interrompre la montée, ça a fini par s’arrêter de toutes façons, et le seul réflexe que j’ai eu a été de lever les mains et aller parallèlement au relief. Fatalement j’ai fini par redescendre. Dans son cas je suppose que s’il était reparti à droite il aurait fait de même (vu que ça ne montait pas vraiment 10 secondes avant).

Accessoirement est-ce que ça n’est pas un peu risqué si près du relief de faire les oreilles, puisque tu n’es plus en mesure d’utiliser les commandes ? Et même question avec l’accélérateur ? Il reste le pilotage à la sellette mais est-ce que ce n’est pas un peu juste dans ces conditions ?

Et question relative à tout ça, une fois que le mal est fait, que l’accélérateur ne soit pas monté ou pas suffisant, comment tu te sors de la merde avant de te retrouver sous le vent ? Parce que là, j’imagine que c’est une situation qui peut arriver ?

Voile Nova Aonic (gold), sellette Easiness 3

On pourrait très bien poser avec les oreilles dans des journées de fortes conditions thermiques. Ça m'est déjà arrivé de remonter quand je les relachais à 3m sol.

La sellette permet de faire des virages plus qu'aquadequats ! Beaucoup de débutants pense que c'est un complément des commandes. Je te dirais que les commandes sont un complément de la sellette !

Non, la ou il faut se méfier des oreilles en approche, c'est qu'elles augmentent l'angle d'incidence de ta voile, ce qui, cumulé à du gradient, peut te rapprocher sérieusement d'un décrochage inopiné. (L'accélérateur permettra de réduire cette angle, mais je préfère avoir les pieds prêts atterrir dans une telle configuration, que sur le barreau)

Pour ta deuxieme question, "c'est pas quand tu t'es chié dessus qu'il faut vouloir sortir le PQ". SI tu as de la hauteur, te barrer le plus loin possible derrière PEUT être une solution. Mais d'expérience les gens sont souvent bas lorsqu'ils s'enferment dans cette situation de merde. Tu peux déjà taper le 18 sur ton téléphone. La métaphore pourrait être, d'imaginer que tu nages en rivière et arrives au Niagara ? Tu fais quoi..? Nos bouts de chiffons ont leurs limites et il est important d'anticiper pour éviter de se retrouver dans une configuration ou croire en Dieu est une des dernières options.

nicolas a réagi à ce message.
nicolas

Je me permets aussi de compléter mes propres dires et de répondre aux questions qu'ils t'ont soulevé :

Tu vois sans doute juste, je l'écris ainsi faute d'en avoir une certitude absolue.

Ce site forme une combe et il a du probablement se placer pile-poil à l'endroit parfait pour avoir le meilleur rendement ascendant, favorisé par l'orientation du vent, la forme du relief, etc.

Il serait reparti sur la droite, voire vers la gauche, bras haut. Probablement qu'il serait sorti de cette zone ou la compression du flux d'air est maximale.

Le flux d'air s'il attaque le relief moins perpendiculairement, en devient moins efficaces, fait moins monter et permet aussi le plus souvent une fuite en crabe le long du relief.

L'idée est ensuite de s'en écarter dès que possible et si on n'est pas sûr de gérer la situation, aller se poser et non pas se revenir se remettre dans le compliqué.

Probable même que si il avait accepté, sans tenter les oreilles, de se laisser monter il aurait réussi de sortir de cette zone de compression par le haut, en avançant vers la plaine en biais voire même tout droit sans doute.

Alors forcément sa vraie erreur est de n'avoir pas suffisamment imaginé ce qu'il pouvait trouver en l'air. Mais après ce sont vraiment des erreurs de pilotage lié à un effet de panique qui l'on conduit à l'infirmerie.

Maintenant autant pour son manque d'analyse aérologique que pour son manque de capacité à gérer ses émotions et derrières ses actions de pilotage (comme aussi la non-efficacité de son accélérateur) sont, mon avis tout perso, à un manque d'expérience et à un optimisme illusoire d'une progression rapide insuffisamment raisonnée et ordonnée.

Le paradoxe du parapente est qu'il est si facile d'approche en tant que débutant, que l'on peut vite s'imaginer être particulièrement doué et ainsi faisant, placer le curseur de l'engagement toujours plus haut, jusqu'à ce que la réalité de notre manque d'expérience et compétences nous rappelle à l'ordre.

Une  réalité est aussi que, notre progression se ralentit d'autant plus que l'on progresse. Et ne pas le croire peut faire que justement on ne cherche pas à progresser avec un plan de progression mais juste en "s'amusant". Ce qui souvent se traduit par le fait que l'on développe des compétences rapidement mais que dans les domaines qui nous amusent. Seulement il arrive toujours un moment où l'on aurait aussi justement besoin d'autres compétences, celles que l'on aura négligé car considérée "moins fun" et là, c'est sans doute le cas de ce pilote, on finit par se mettre une caisse.

Le plus beau vol ? Celui encore à venir bien sûr !